Tendances

Audiences 2016 : les chiffres de la RTS

Début mars, la télévision et la radio publiques présentaient leurs chiffres d’audience 2016, en présence de Gilles Marchand dont c’était la dernière conférence de presse en tant que directeur de la RTS. Une bonne occasion pour un interview…

Comment peut-on qualifier l’année 2016 pour la RTS ? 
L’année a été positive, comme en témoigne la progression de la télévision : RTS 1 et 2 réalisent 34% en Prime Time. La radio est extrêmement stable, avec 50% de parts de marché sur l’ensemble de nos chaînes. En outre, nous constatons une explosion de la consultation online (+ de 11 millions de visites mensuelles), 350 000 ouvertures de vidéos quotidiennes et plus de 6 millions de vues sur nos pages et comptes Facebook et Youtube.

Durant vos quinze ans à la tête de la RTS, le paysage télévisuel a fortement changé et l’offre online a explosé. Pourtant vos parts de marché sont restées relativement stables. Comment l’expliquez-vous ?
C’est un vrai motif de fierté. Lorsqu’en 2001, nous avons commencé à imaginer notre présence numérique, beaucoup nous prédisaient une migration de l’audience télévisée vers les plate-formes digitales. Quinze ans après, force est de constater qu’il n’en a rien été. Les audiences n’ont pas migré mais elles se sont additionnées. Notre pari était que la télévision tient sur deux piliers : un linéaire et classique, celui des rendez-vous historiques, et l’autre mobile, interactif et participatif. L’un renforce l’autre, ils ne se cannibalisent pas. Car la télévision a su quand même trouver une réponse très astucieuse, qui est celle de sa consommation multiple. On peut regarder les programmes sur l’écran principal à la maison, ou sur un mobile ou tablette de manière très souple, avec une consommation en temps différé ou enregistrée ou séquentielle. La télévision a ainsi trouvé une réponse à tous les types d’attentes. Et si on utilise astucieusement ces dispositifs technologiques, on peut marier finalement les différentes audiences.

A propos du calcul des audiences, peut-on additionner les chiffres TV et ceux du web ?
La mesure d’audience de la télévision prend en compte la pénétration, pondérée par la durée d’utilisation de la séquence analysée : c’est ce qu’on appelle le Rating. Malheureusement, sur les distributions numériques, on ne peut pas mesurer le Rating, on ne peut que calculer la pénétration. Raison pour laquelle nous n’arrivons pas à consolider ces audiences car leur mesure de calcul ne sont pas comparables.

Ces bons chiffres ne sauraient cacher un environnement politique difficile envers le service public…
La pression politique est très forte, comme la bagarre entre les acteurs privés et publics. Malgré ce contexte, nous devons nous focaliser sur la production de programmes de qualité. Avec le recul, lorsque je vois que le téléjournal réunit quasiment 60% de parts de marché en 2017, je me dis que nous n’avons pas fait tout faux. Même si je revendique le droit à l’erreur, en quinze ans toutes les émissions n’ont pas connu le même succès.

Comment voyez-vous l’avenir des médias électroniques en Suisse ?
L’avenir passe par une coopération plus forte entre les acteurs suisses qui investissent dans la production suisse. Car nos concurrents sont les plate-formes digitales mondiales, qui ne cherchent qu’à ponctionner les revenus publicitaires suisses sans rien produire ou redistribuer localement. Raison pour laquelle j’appelle à la collaboration entre les acteurs publics et privés, les télévisions locales et les radios locales – qui font un excellent travail et qui ont le souci de transmettre de l’information de qualité.

Quelle forme pourrait prendre cette collaboration ?
Par exemple, on peut envisager des coproductions avec des acteurs de la radio ou de la télévision privée, où la RTS pourrait mettre à disposition ses moyens technologiques. Nous pouvons également mettre à disposition la HDTV, la télévision connectée, ainsi que nos vidéos d’informations dont nous possédons les droits.
En bref, il y a toutes sortes de collaboration possibles dans le domaine de la coproduction, qui me paraissent plus intelligentes que ces bagarres stériles que nous subissons aujourd’hui. Parce que pendant que nous nous bagarrons pour des miettes, d’autres sont en train de construire le gâteau sans nous !

 

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