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21e Journées photographiques de Bienne : Désir d’immortalité, identité numérique et intelligence artificielle

Rarement l’art et la technologie n’avaient été aussi proches, les œuvres réunies sous la thématique 2017 de l’extrême en sont le témoignage. Un grand nombre des 28 expositions présentées cette année au 21e Journées photographique de Bienne  font le lien entre le passé et le futur, la science et la fiction, la création humaine et virtuelle.

Avec son travail Anonymous Gods, Marion Balac (France) démontre que, détectés par Google Street View, tous le visages se valent. Ainsi, statues monumentales et touristes sont indifféremment floutés dans un absurde anonymat. A l’inverse, Lauren Huret (Suisse) a tourné son Face Swap (present) devant le centre de la National Security Agency (NSA), qui, selon Edward Snowden, stockerait des informations sur nombre de particuliers sans leur consentement. Inspirée par des applications qui permettent l’échange de visages, la vidéo montre l’auteur arborant un trou béant à la place du visage, ce dernier restant coincé dans l’écran de son smartphone.

Dans Segmentation.Network, Sebastian Schmieg (Allemagne) restitue plus de 600’000 segmentations créées manuellement par des crowd workers pour la base de données de reconnaissance d’image COCO de Microsoft. L’œuvre rend visible le travail manuel caché nécessaire à la construction des réseaux neuronaux et de l’intelligence artificielle et aborde la vision par ordinateur comme un acte de sélection consciente.

La vie éternelle a toujours été au centre des préoccupations humaines. Avec Letters from Utopia, Daan Paans (Pays-Bas) propose une recherche documentaire photographique sur des groupes de personnes qui cherchent à prolonger la durée de la vie humaine à l’extrême ou même à rendre l’homme immortel. Un sujet également présent dans l’œuvre Perpetual Operator de Dominique Koch (une exposition du Photoforum Pasquart). L’artiste suisse met une espèce de méduse considérée comme quasiment immortelle en raison de sa capacité à régénérer son ADN au centre d’un cycle complexe, métaphore notamment d’un modèle capitaliste au bord de l’effondrement.

La thématique de l’environnement modifié par la technologie est par ailleurs présente dans les photographies de l’Allemand Daniel HoferSalar dépeint l’une des plus grandes réserves de lithium du monde, dont l’exploitation détruirait un paysage naturel unique – et New Artificiality, de Catherine Leutenegger (Suisse), avec ses bâtiments hors normes conçus grâce à de gigantesques imprimantes 3D.

Le travail de Julian Charrière (Suisse/France), Polygon, présente des clichés pris sur un terrain d’essais nucléaires au Kazakhstan dont le papier porte des traces de radiation, emmenant ainsi le spectateur dans un voyage vers le passé, au début de l’ère atomique. David Fathi (France) aborde quant à lui avec humour l’«effet Pauli», du nom du physicien dont la légende voulait que la simple présence fasse échouer les expériences scientifiques. Art, photographie, histoire et science entrent en collision, floutant la frontière entre science factuelle et science fictionnelle. Certaines images, tirées des archives de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), sont manipulées par l’artiste tandis que d’autres sont laissées intactes. 

Enfin, les Journées photographiques présenteront les lauréats du premier Concours FNS d’images scientifiques, organisé en collaboration avec le Fonds national suisse (FNS).

Victoria Marchand

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