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Obama, le nouvel homme-monde

Barak Obama voyage. En Afrique, fils d’un Kénian, il est reçu comme un Africain. En Asie, il rappelle qu’il est né à Hawaï et qu’il a grandi en Indonésie. Oui, Obama est un homme-monde. Un homme du XXIe siècle, fait de migrations et de rencontres.

A la Biennale d’art contemporain de Lyon, déjà évoquée dans ma dernière chronique, l’artiste française Sylvie Blocher, dont il ne faut sans doute pas prononcer le nom comme celui de l’Helvétique Christoph, évoque le président des Etats-Unis dans une vidéo, A More Perfect Day. On y voit un chanteur s’accompagner à la guitare, sur un fond de tapisserie jaune avec des Mickeys la tête en bas. Mais ce qui attire l’oeil avant tout, c’est le corps nu du jeune homme blanc, ses bras, son ventre, teint, avec une découpe nette aux épaules et sous la poitrine, en marron. Un homme, mi-blanc, mi-noir, qui chante doucement.

Les paroles? Ce sont celles du discours prononcé pendant la campagne d’Obama, le 18 mars 2008. Il s’agissait de répondre aux attaques concernant les propos anti-blancs de son ancien pasteur. C’est surtout un discours fleuve sur la question raciale aux Etats-Unis. Ce que chante le jeune homme dit: «Je suis fils d’un homme noir du Kenya et d’une femme blanche du Kansas. J’ai fréquenté les meilleures écoles d’Amérique et vécu dans un des pays les plus pauvres du monde. J’ai épousé une noire américaine qui porte en elle le sang des esclaves et de leurs maîtres […] Je ne peux pas renier la communauté noire, je ne peux pas ma renier ma grand-mère blanche qui a sacrifié tant et tant pour moi, mais aussi une femme qui m’a avoué qu’elle avait peur des noirs et qui plus d’une fois a émis des remarques racistes qui m’écoeuraient. A More Perfect Day. Le passé n’est pas mort et enterré. En fait il n’est même pas passé.»

Pour Obama, le mélange n’est pas une utopie naïve qui gommerait le réel. Il est une réalité, dure parfois, avec laquelle il faut composer. Il est le matériau de base du « Yes we can ». Dans son discours, le candidat à la présidence tend à considérer que cette situation raciale est une particularité américaine. Sans doute le Prix Nobel de la Paix est-il venu à point pour rappeler que cette identité multiple est une réalité partagée par une grande partie de la population aujourd’hui.

elisabeth@cominmag.ch

Journaliste culturel, responsable de Sortir le guide culturel du Temps.

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