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Facebook nous en met plein la vue

Pour prétendre à la première position en matière d’hébergement vidéo, Facebook nous en mettrait plein les mirettes pour fausser le nombre de vue sur vos contenus vidéo. La guerre entre Facebook et YouTube est loin d’être terminée.

Aux dernières nouvelles, le géant bleu affirmerait qu’il diffuse plus de vidéos que YouTube. Comment fait-il pour affirmer une telle avance ? Sur quelle base de comparaison arrive-t-il à annoncer de tels résultats ?

Entre YouTube et Facebook, il faut choisir !
Si vous intégrez une vidéo YouTube sur Facebook, seule une infime partie de votre audience sera effectivement touchée par votre publication. La portée organique est très basse, et votre vidéo ne sera présentée que par une petite vignette et un texte d’accompagnement : l’impact en sera donc vraiment minime. Mais si vous postez la même vidéo en natif sur Facebook, soudainement votre contenu sera visible « partout » et sa lecture sera automatique. Un excellent bras de levier pour promouvoir les vidéos, notamment sur nos mobiles.

La différence de vues entre une vidéo embarquée et une vidéo postée physiquement est donc très grande. On parle d’un ratio qui va de 3 à 7.5 fois plus. Cela revient à dire que pour deux personnes qui verront votre vidéo postée via un lien YouTube dans Facebook, quinze de plus la verrait si vous l’aviez postée directement dans un article Facebook. La préférence est donc clairement donnée à ceux qui « hostent » leur contenu chez le géant bleu. Ces résultats proviennent d’une étude menée par Sonja Foust de l’Université de Duke aux Etats-Unis, c’est dire s’ils sont crédibles. La stratégie de la firme californienne de Menlo Park est donc très claire. Doit-on y voir un abus de pouvoir ?

Que signifie un « nombre de vues » pour une vidéo ?
Il semblerait qu’entre YouTube et Facebook, le terme de « vues » ne signifie pas la même chose.
Pour Facebook, le simple fait de survoler sa « timeline » et d’y voir des vidéos démarrer en lecture automatique, même si vous ne restez pas sur celle-ci, met déjà le compteur en route. On peut estimer à environ 90% de l’audience qui ne fait que défiler son flux d’information sans forcément s’attarder sur le contenu. GIF, vidéos ou audio enclenchés ou pas, c’est le même combat ! Une méthode très efficace pour augmenter rapidement l’audience face à celle de son concurrent.
Pour rappel, le simple fait d’afficher une vidéo ne constitue pas une vue. Une vue est considérée comme telle dès que l’internaute décide de s’arrêter sur un contenu, de lancer la lecture (ou de monter le son), puis d’y passer un minimum de temps, les premières dizaines de secondes en tous cas, selon la durée de chaque vidéo bien évidemment. C’est ce que pratique YouTube en proposant d’ailleurs des relevés qui vous indiquent combien d’utilisateurs ont cliqué ou regardé les premières secondes de vos vidéos, et combien sont restés à les regarder jusqu’au milieu, voire jusqu’à la fin. Une notion qui semble avoir été mise de côté par Monsieur Zuckerberg.

Cette pratique commence à jeter un sérieux trouble auprès des agences digitales et médias, car il est de plus en plus difficile de faire la part entre l’audience, le taux de pénétration et la transmission d’un message pour la vente de produits. C’est toute une industrie qui souffre de cette situation étrange et qui met annonceurs et prestataires dos à dos. En effet, les marques seront amenées à dépenser leur budget publicitaire uniquement sur Facebook et sans forcément avoir à passer par la case agence. Alors que les producteurs de contenus et ces dernières continuent à faire confiance à Google et YouTube. Une plateforme qui serait, d’après les propos de Facebook, déjà dépassée en nombre de vues.

Facebook pirate !
Or, on estime que le chiffre réel de FB face à YouTube ne correspond qu’au cinquième de ce dernier, tant les chiffres seraient gonflés par le réseau social. Grâce à son originale façon de compter, mais aussi par une pratique moins plaisante, qui commence à énerver les plus grandes agences telles que Ogilvy : celle du détournement de vidéos. En effet, si Facebook peut se vanter d’avoir atteint près de 17 milliards de pages vues au dernier trimestre c’est grâce à 725 vidéos « empruntées » par-ci par-là, puis remises correctement en ligne. On lâcherait même le terme piratage tant cette situation est grave. Mais il n’est pas facile de trouver une parade lorsque celui qui ne joue pas le jeu est le réseau social qui réunit le plus de membres.

Que faire face à un tel géant ?
Tout le monde semble résigné ; et même si les débuts de YouTube ne furent pas très heureux en matière de respect de droits d’auteurs, tout est rentré dans l’ordre depuis que Google a acheté cet outil. Des contrôles, mais aussi une mécanique bien huilée permettent (notamment grâce au « content ID ») de mieux gérer les abus et les cas de piratages évidents.
Il est dès lors très étonnant de voir une société comme Facebook, cotée en bourse à plus de deux cent soixante milliards de dollars, ne pas mettre tout en place pour éviter ces dérives et mieux protéger les ayant droits. Car force est de constater qu’il est à ce jour impossible pour un producteur de contenu de savoir s’il est piraté et diffusé à son insu sur Facebook.

En attendant, on peut se réjouir de voir Google se remettre en question et proposer des solutions telles que Vessel pour proposer des contenus payants sur abonnement, poursuivre le développement de YouTube et mettre fin à la limitation de comptage de vidéos fixée à 301 vues. Ce qui prouve que dix ans après la naissance de ce service, il reste encore beaucoup à améliorer et à inventer dans le monde de la vidéo en ligne.

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