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Beau fixe pour Tamedia

Pour Tamedia, l’exercice 2014 s’est soldé par d’excellents résultats et il semble qu’actuellement le groupe transforme en or tout ce qu’il touche. Mais plus Tamedia renforce sa pole position dans le domaine des activités en ligne (par des reprises ou par son travail), plus le groupe domine le marché. Chez le groupe média zurichois, les voyants devraient être au rouge depuis que le nouveau service d’annuaires zip.ch a déposé un recours contre Swisscom Directories, partenaire de Tamedia.

« 2014 aura été l’un des meilleurs millésimes pour Tamedia, entreprise existant depuis plus de 120 ans » a déclaré Pietro Supino, président du conseil d’administration du groupe média zurichois lors de la conférence de presse de bilan du 12 mars dernier. Et son CEO Christoph Tonini de renchérir : « Les résultats de l’exercice 2014 sont supérieurs à la moyenne. »
Effectivement, Tamedia a vu « augmenter à tous les niveaux le volume des ventes, de l’excédent brut d’exploitation et des résultats, le segment numérique ayant le plus progressé avec une croissance organique de 11% et même de 17 %si l’on prend en compte les reprises et les consolidations. »

Un marché étranger profitable d’ici deux ans
Le chiffre d’affaires global de Tamedia a augmenté de 4% à CHF 1,114 milliard et les bénéfices de 34% à CHF 160 millions, le numérique représentant désormais un tiers de ces volumes. L’an passé, Tamedia a investi au total CHF 6 millions dans un modèle de consultation payante de ses titres en ligne. Fin mars 2014, la paywall était instaurée au Tages-Anzeiger, et Bund a suivi à l’automne. Depuis cette date, le « Tagi » a recruté 9 000 abonnés à la seule édition numérique (6,1% de tous les abonnements), 600 lecteurs ayant été séduits par l’offre du Bund (1,5%).
La présence de Tamedia à l’étranger (Luxembourg et Danemark) est actuellement largement inférieure à 10% et n’est même que de 2% en chiffres consolidés. Au Danemark, M. Supino compte atteindre la zone de profit dès 2016.

Le CEO de local.ch et search.ch s’appelle Edi Bähler
M. Supino n’a pas souhaité commenter la fusion prévue entre les services d’annuaires search.ch (Tamedia) et local.ch (Swisscom), la Commission de la concurrence ayant attendu la fin mars avant de donner son aval. Une fois chose faite (et sans conditions restrictives en plus), Swisscom et Tamedia ont déclaré vouloir regrouper search.ch et local.ch, d’ici au second semestre, sous le toit d’une société commune dans laquelle Swisscom détiendra 69% des parts et Tamedia 31%. Tamedia va donc d’abord acquérir la part minoritaire de 25% détenue par La Poste dans search.ch. Jusqu’alors CEO de local.ch, Edi Bähler (53 ans) sera le CEO de la nouvelle société, mais search.ch et local.ch conserveront leur indépendance en matière d’offres. Les deux prestataires n’en cumulent pas moins, chaque mois, environ 3,6 millions d’utilisateurs en Suisse, soit plus que tout autre fournisseur helvétique de contenus Internet. Tamedia et Swisscom rappellent d’ailleurs régulièrement qu’elles souhaitent conjointement « mettre en place une solution dynamique nationale représentant une alternative aux moteurs de recherche internationaux et aux médias sociaux ».

Le partenaire de Tamedia abuse-t-il de sa position ?
Cependant, à peine la COMCO avait-elle donné sa bénédiction que le premier recours lui parvenait, émanant du service d’annuaires romand zip.ch, tout juste lancé le 18 mars. Ce n’est toutefois pas contre la fusion en soi des deux géants que proteste Alexandre de Senger, le fondateur de Zip, mais contre Swisscom Directories qui est le partenaire de Tamedia. En effet Swisscom Directories est chargé par les pouvoirs publics de collecter les adresses pour l’annuaire. Ces données sont ensuite revendues aux services d’annuaires – dont zip.ch. Mais selon M. de Senger, il manquerait plus de 100 000 adresses dans le fichier de base : celles qui contiennent une information spécifique (site Internet, heures d’ouverture…). Swisscom Directories facture en effet ces références le double du prix de base, plus un droit calculé en fonction de la fréquentation. Dans le courrier adressé à la COMCO, M. de Senger estime « que ces pratiques constituent une entrave (définitive) à la venue de tout concurrent sur ce marché et représentent un abus de position dominante…». Situation également constatée il y a un an environ par le Surveillant des prix. Tamedia a donc tout intérêt à repenser ses alliances, sa nouvelle présence sur le marché des annuaires pouvant aussi avoir des ombres au tableau : le risque de perdre son innocence et la perception d’un parcours sans faute est bien réel.

Tamedia a bien l’intention de déclasser Ringier
À la clôture de la rédaction, la COMCO n’avait toujours pas réagi au projet de reprise du groupe Ricardo. Tamedia est en tout cas prête à débourser CHF 240 millions pour cette place de marché en ligne affichant des recettes annuelles de CHF 40 millions. Un prix élevé, quand l’on sait que dans l’édition, une telle transaction tourne normalement autour du sextuple de l’excédent brut d’exploitation (et non du chiffre d’affaires !). Mais cette vente semble avoir une grande valeur stratégique pour Tamedia – et serait un symbole de prestige. En effet, la plateforme de ventes aux enchères ricardo.ch permettrait au groupe non seulement d’investir un nouveau secteur d’activités mais aussi de rattraper les offres concurrentes de Ringier par le biais d’autoricardo.ch et de la plateforme d’annonces olx.ch. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le diagramme voisin pour comprendre le problème de Tamedia : alors qu’autoscout24.ch n’a cessé de progresser depuis deux ans, car4you.ch (Tamedia) ne fait que végéter. Avec autoricardo.ch, Tamedia ne serait toujours pas le numéro 1 mais se classerait en deuxième position, représentant une concurrence sérieuse. La situation est différente pour tutti.ch et olx.ch, qui sont actuellement déficitaires, toujours selon M. Supino : il souhaite en faire une offre rentable capable de surpasser anibis.ch (Ringier) en termes d’utilisation.

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[ASIDE]

Une bonne nouvelle

Son nouveau concept a permis au Matin semaine de réduire ses coûts et donc de diminuer fortement ses pertes élevées. Il a presque réussi à équilibrer ses comptes en 2014 – en dépit du léger recul des recettes publicitaires. Le Matin Dimanche a lui aussi pu augmenter ses ventes et ses bénéfices, ici aussi grâce à sa nouvelle maquette et au remaniement de sa présence numérique. Par contre Christoph Tonini a refusé de commenter les rumeurs selon lesquelles 20 minutes et Le Matin comptaient très bientôt fusionner leurs rédactions sportives.[/ASIDE]

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